Bernard Vivier, dans La Croix, à propos de l’action syndicale

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Nous sommes actuellement à une période clé de l’actualité sociale.

S’il y a bien un début de grogne et une forte mobilisation au sein de la SNCF, l’unité d’action syndicale n’est toujours pas de mise. La CGT fait le pari de l’addition de mécontentements sectoriels – à la SNCF, à Air France, dans les universités, dans le secteur des déchets – pour faire masse et s’opposer au gouvernement. À la stratégie de guerre de masse, rendue difficile par l’affaiblissement généralisé des syndicats – le nombre d’adhérents a été divisé par trois en trente ans – fait place une stratégie de guérilla.

Mais pour le moment, la CGT fait presque cavalier seul. En témoigne son choix unilatéral d’organiser une « journée nationale de mobilisation interprofessionnelle » jeudi 19 avril, qui n’a pas été suivi par les autres confédérations. Le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, s’est même plaint d’avoir appris la nouvelle par voie de presse.

De leur côté, les syndicats réformistes – CFDT, CFTC et Unsa – se cherchent, après avoir été déconsidérés par le pouvoir politique. Dans sa volonté de faire des réformes rapidement, le gouvernement a fait l’erreur de réduire le rôle des organisations syndicales dans la gestion des institutions paritaires. Ce qui est vrai pour les syndicats de salariés l’est aussi pour les organisations patronales. S’il n’a plus de rôle dans la gestion de l’assurance-chômage, de la formation professionnelle et des complémentaires de santé, à quoi servira le Medef, sinon à devenir un simple lobby patronal ?

En agissant ainsi, le pouvoir s’expose à deux risques. Le premier est de marginaliser les partenaires sociaux et de n’avoir en face de lui plus que des syndicats incarnant la rupture. C’est ce qui se passe avec la CGT. Le second risque est de contribuer encore à l’affaiblissement des corps intermédiaires en s’exposant, à terme, à des mouvements de rue incontrôlés.

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